Les 6 stratégies pour réduire le risque, augmenter et préserver le capital de votre portefeuille financier en période Coronavirus

Les 6 stratégies pour réduire le risque, augmenter et préserver le capital de votre portefeuille financier en période Coronavirus

Quelle posture adopter pour protéger son capital dans ce marché évoluant en montagnes russes, et en arrière-plan, une efficience des marchés remise en question par le Coronavirus ?

Je suis très sollicité ces derniers mois pour savoir quelle posture adopter afin de protéger son capital dans ce marché évoluant en montagnes russes et surtout en arrière-plan, une efficience des marchés remise en question.  

J’avais déjà évoqué ces stratégies en avril dernier et nous allons analyser leurs évolutions notamment l’allocation 60-40.

Dans cet article je vais tenter de répondre à une question qui revient sans cesse ces derniers temps, comment je peux protéger mon capital des effets yoyos du marché actuel et être plus serein et faire de la performance ?

Il y a évidemment beaucoup de méthodes et de stratégies, je vais en dresser une liste de 6 stratégies qui me paraissent pertinentes dans le contexte actuel avec les avantages et les inconvénients pour chacune d’entre elles.

Evidemment, subsistent les questions : quand acheter et quoi acheter ?

Parlons un peu finance comportementale

Menés par Daniel Kahneman et Amos Tversky, des économistes et des psychologues ont montré dans des expériences que la prise de décision économique peut être loin d'être parfaitement rationnelle.

Daniel Kahneman a reçu le prix Nobel d'économie en 2002, et notamment la plus haute distinction de l'économie pour avoir intégré des connaissances issues de la recherche psychologique en sciences économiques, en particulier concernant le jugement humain et la prise de décision.

Les modèles économiques et financiers reposaient sur la conviction que les individus étaient rationnels et averses au risque. Maintes et maintes fois, Kahneman et Tversky ont pu montrer par des expériences que les individus étaient loin d'être des agents économiques rationnels dans l'incertitude. Ce travail central et fondamental a finalement ouvert de nouveaux domaines en économie comportementale et en finance comportementale.

Le duo a inventé le terme «théorie de la perspective», qui décrit la façon dont les gens choisissent entre les alternatives qui comportent des risques, où la probabilité des résultats est connue.

La théorie explique à la fois pourquoi les gens achètent une assurance, payant une prime supérieure à la perte attendue, tout en participant à des loteries, avec une valeur attendue négative, mais des gains énormes.



Comme le montre l'exemple de Kahneman et Tversky, la fonction de valeur est plus forte pour les pertes que pour les gains, ce qui indique que les pertes l'emportent sur les gains dans l'esprit des investisseurs.

De nombreux investisseurs sont également opposés aux pertes, ce qui signifie qu'ils sont nettement plus sensibles aux pertes qu'aux gains. Cette situation peut être encore plus aiguë dans le contexte actuel. Il n'est peut-être pas surprenant compte tenu de la rapidité de la correction boursière liée au choc économique incroyable des fermetures liées au virus que certains investisseurs soient peut-être de plus en plus opposés aux pertes.

Cette aversion aux pertes pourrait provenir de l'aversion pour l'ambiguïté. Un individu opposé à l'ambiguïté préférerait plutôt une alternative où la distribution de probabilité des résultats est connue par rapport à une autre où les probabilités sont inconnues.

Perspectives de la psychologie comportementale en pleine pandémie de coronavirus

La situation économique actuelle touchée par une pandémie ne se prête pas à des résultats probabilistes. Nous n'avons jamais vu la situation économique actuelle se produire auparavant en France, en Chine, aux Etats-Unis et dans bien d’autres pays.

Nous n'avons également jamais vu la rapidité et l'ampleur d'une réponse politique tant sur le plan budgétaire que monétaire.

Au cours des derniers mois, nous avons connu les pires et meilleures semaines pour certains indices comme le S&P 500 depuis la Seconde Guerre mondiale, et à la fois, la meilleure semaine depuis 1974 pour cet indice. Je suppose que pour de nombreux investisseurs, les pertes semblaient bien pires que les gains correspondants !

Cette aversion aux pertes a également conduit les investisseurs à conserver trop longtemps les investissements non créateurs de valeur et à vendre les investissements gagnants trop tôt (même s'ils sont incités à se comporter de manière opposée par la fiscalité sur la cession des titres).

Certains investisseurs pourraient alors ressentir les pertes comptables de leur portefeuille de manière trop aiguë et permettre à leur aversion pour des pertes supplémentaires de les empêcher d’ajouter potentiellement des pertes supplémentaires.

Les investisseurs s'engagent à investir tout au long du cycle, mais peuvent avoir des difficultés à le faire lorsque l'environnement du marché devient plus difficile.

Paradoxalement, durant le contexte inédit du mois de mars, la chute des cours a révélé l’arrivée de nouveaux investisseurs attirés par l’appât du gain ! Depuis la hausse des marchés s'est accélérée alimentée par les injections massives de liquidités des banques centrales.

Le schéma ci-dessous montre la forte hausse des ouvertures d’enveloppes financières (PEA, compte titres, assurance-vie) tous brokers confondus. Ce qui montre bien le retour et/ou l’arrivée de nouveaux investisseurs (attirés par la chute des cours) et l’application stricto sensu de la théorie de la perspective.




Vérifiez votre aversion aux pertes et votre recherche de gains énormes et rappelez-vous que « le temps fait de l'argent » et qu’il est important de prendre du recul sur ses décisions d’investissements dans le contexte actuel où le brouillard n’est pas encore levé !

Quelles stratégies pour réduire le risque et préserver le capital de votre portefeuille financier en période Coronavirus

1ère stratégie : Réduire le beta du portefeuille

Définition : Le coefficient bêta est le coefficient clé du modèle d'évaluation des actifs financiers.

Il correspond à un rapport historique de la volatilité du prix d'un actif sur celle des prix du marché en général. Il est un indicateur utile dans la mise en place d'une stratégie de diversification des risques.

En pratique, si vous achetez que des titres avec un très faible beta, votre portefeuille perdra beaucoup moins lors des phases de baisses du marchés, lors des hausses il performera peut-être un peu moins, mais en général le « marché est bien fait » dans la mesure où un beta faible est généralement le signe d’une société solide.

Par exemple viser un beta de 0.7 serait une bonne chose.

  • Avantages : simple à faire, adapté pour le long terme, pas de coûts supplémentaires,
  • Inconvénients : la protection n’est pas parfaite, vous baisserez quand même

2ème stratégie : La technique de Ray Dalio

Bien souvent, les épargnants ne regardent que la performance de leurs placements.

Or, cette performance brute ne permet pas à elle seule de déterminer la qualité du fonds qui prend en charge leur épargne. Un rendement de 4% n’a effectivement pas la même portée dans un marché progressant de 2% et dans un marché en hausse de 20%.

La prise de risque est également à prendre en compte, car si le gérant a pris des risques démesurés pour doper ses rendements, il expose son client à une baisse particulièrement brutale en cas de retournement, comme on l’a vu cette année pour certains fonds comme H2O qui ont baissé de plus de 71% et 39% !

Pour évaluer au mieux la qualité d’une gestion, les professionnels ont donc une batterie d’indicateurs à leur disposition, dont l’alpha. Cet élément permet d’évaluer le surplus de performance dégagé par rapport à un marché de référence pour un niveau de risque donné. Il est d’ailleurs un critère très souvent retenu pour établir des palmarès de fonds ou de sociétés de gestion.

Ray Dalio, gestionnaire de fonds et philanthrope à ses heures perdues, a établi une stratégie dite

«Pure Alpha» et a pu présenter une performance de +14,6% en 2018 quand les marchés ont baissé sur la période de octobre et décembre 2018.

Cette méthode consiste à investir dans des marchés non corrélés, ce qui réduit le risque, sans pénaliser le rendement. Les actions sont toutes plus ou moins corrélées entre elles, donc l’idée est d’avoir d’autres poches d’actifs, par exemple actions, obligations d’états, matières premières (l’or, l'argent et le palladium actuellement surperforment et sont perçus comme une valeur refuge).

  • Avantages : pas de coûts, bonne performance
  • Inconvénients : il faut des connaissances techniques , la protection n’est pas parfaite

3ème stratégie : 60/40

Cette stratégie vise à avoir deux actifs non corrélés : des actions et des obligations : 60% actions et 40% d'obligations.

Si l’un baisse, l’autre augmente afin d’obtenir une performance ou une perte inférieure au niveau du portefeuille.

On peut opter pour des ETF ou des fonds actions et obligations.

En général lorsque les actions chutent fortement, comme récemment, les banques centrales baissent leurs taux directeurs afin de relancer la machine économique, ce qui fait monter le cours des obligations d’états. L'injection massive de liquidités a aussi permis de racheter des actifs par les banques centrales.

Une obligation verse en général un coupon fixe donc si le coupon ne peut pas bouger, le seul moyen de baisser le taux est de faire monter le cours de l’obligation, ainsi le coupon paraîtra plus petit par rapport à son cours et le taux réel sera donc plus faible.

  • Avantages : la protection est intéressante, la performance sur le long terme est bonne, la stratégie peut être améliorée, c’est simple à comprendre, pas de coût supplémentaire.
  • Inconvénients : le levier va se réduire sur les obligations avec la baisse des taux et donc que la performance à l’avenir peut baisser…

Composition de 3 portefeuilles de test afin d’analyser leur comportement depuis janvier

Nous avions analysé au cours du mois d’avril le comportement du portefeuille de janvier 2020 à mars 2020 avec un ETF S&P 500 Growth et deux ETF de bons du trésor US. Evidemment nous sommes clairement exposé au marché américain.

Nous allons voir si la stratégie est toujours gagnante à ce jour (octobre 2020).



La performance en détail des allocations pour la période janvier 2020 jusqu’à fin mars 2020

Avec le portefeuille 1 (allocation 60-40), le rendement CAGR était de -2.17%, c’est-à-dire que l’on a perdu seulement 2.17% de notre capital entre janvier et mars 2020.

On bat donc très facilement les indices S&P500 et nasdaq-100, qui perdent respectivement 14.49% et 10.93% tout en ayant une volatilité plus faible (StDev) et une perte maximum (max drawdown) toujours plus faible avec -5.56% contre -16.38% (S&P 500) et -13.56% (Nasdaq 100).

On adopte une stratégie beaucoup plus résiliente, à risque modéré !



La performance en détail pour la période janvier 2018 jusqu’à fin mars 2020

Avec les corrections des marchés de fin 2018 et de début 2020 voilà ce que cela donne au niveau des allocations :


Bien entendu, il est possible de faire mieux, si vous êtes un bon sélectionneur d’actions (stock- picker) à la place ou en complément de l’ETF S&P 500 ou Nasdaq-100 ou d’un fonds. Il est également possible d’avoir un levier moins coûteux en utilisant des instruments comme des futures, etc…

Quelles performances pour la période janvier 2020 jusqu’à fin octobre 2020 ?

Voici comment se sont comportés les portefeuilles depuis notre article du mois d’avril dernier. La stratégie semble plutôt gagnante… la preuve en chiffres :

Avec le portefeuille 1 (allocation 60-40), le capital a augmenté de 15.68% de janvier 2020 à octobre 2020 avec une perte maximale (max drawdown) de -5.56% et une volatilité (Stdev) de 13.82%.

Le portefeuille 1 bat donc les indices S&P500 growth et nasdaq-100 en terme de couple rendement/risque (sharpe ratio) mais pas en performance absolue.

Le S&P500 growth gagne 16.96% et le nasdaq 100 gagne 25.27% avec des pertes maximales respectives de 16.38% (S&P 500) et 13.56% (Nasdaq 100).

La volatilité (Stdev) est de 27.04% pour le S&P 500 et de 27.14% pour le nasdaq100 soit le double de la volatilité du portefeuille 1 !

Nous allons remplacer l’indice nasdaq 100 (portfolio 3) par un indice monde afin de diversifier le risque et l'exposition géographique à plus de titres et analyser les résultats.


Le portfolio 3 représenté par l’indice monde, bien que plus diversifié n’est pas très performant même si sa volatilité et la perte maximale est plus faible que pour l’indice S&P500 growth…

Le portfolio 1 avec la stratégie 60-40 est toujours en tête avec le meilleur couple rendement/risque.

4ème stratégie : long short equity ou Equity market neutral

L’idée est d’avoir un portefeuille d’actions classique, mais sur lequel on va ajouter des ventes à découverts d’actions.

De cette manière l’exposition au marché est réduite, voire nulle.

Par exemple si j’ai 10 000€, je peux être baissier sur 3 000€ d’actions en plus ce qui fait une exposition nette de 70% (en market neutral l’idée est d’avoir une exposition à 0%).

  • Avantages : Simple à comprendre et à faire
  • Inconvénients : fiscalement moins optimal car plus dynamique et il faut être sûr d’être un bon stock picker (chercheur d’actions) pour éviter que cela tourne au fiasco !

5ème stratégie : créer un fond à capital garanti

On peut garantir 100% ou moins du capital.

Il y a des méthodes très complexes (OBPI et CPPI) et une plutôt simple (en comparaison).

Si j’ai 10 000€ l’idée est d’acheter une obligation en nue-propriété (ou équivalent) par exemple un STRIP sur obligation d’état US qui fera le rôle de garantie.

Par exemple si j’ai une obligation qui vaudra 10 000€ à échéance 5ans et qui se négocie à 90% de la valeur, je mets 9 000€, les 1 000€ restant sur des options Call pour parier sur les titres qui m’intéressent.

A échéance si les paris sont perdant j’ai 10 000€ grâce à l’obligation, si les paris sont gagnants j’ai 10 000€ plus les gains des paris.

  • Avantages : c’est ce qu’il y a de mieux en terme de risque selon moi car protection du capital
  • Inconvénients : difficile à mettre en place sans connaissances

6ème stratégie : Delta hedger son portefeuille

Le but est de bloquer les mouvements de marché soit sur le portefeuille global, soit par ligne (ce qui est à privilégier selon moi).

Pour ce faire on sait qu’une action a un delta de 1, une option a un delta variable en fonction de quelques paramètres entre 0 et 1 (à multiplier par 100) pour un call acheté et un put vendu, ou entre 0 et -1 pour un put acheté et un call vendu.

L’idée va être de mettre le delta de la position à 0. Si on a 100 actions X on peut par exemple vendre 2 call X de delta 0.5, ce qui fait un delta global de (100 *1) + (-2 * 0.5 *100) = 0.

Donc pendant un laps de temps assez court on va être neutre au marché.

Le soucis est que le delta varie, donc il va falloir modifier la position régulièrement pour ramener le delta à 0. Si on maintient constamment le delta à 0 on ne gagnera pas d’argent sur le marché, donc l’idée est de le laisser filer dans le bon sens de temps. On peut perdre ou gagner de l’argent sur les autres paramètres des options, volatilité implicite (= arbitrage de volatilité si c’est le but recherché) , taux d’intérêt, temps qui passe, ce qui peut être un but aussi ou un handicap.

On peut aussi gagner de l’argent sur les rééquilibrages du delta lorsque le gamma est positif (méthode du gamma scalping).

Ainsi la méthode du gamma scalp couplée à l’arbitrage de volatilité est très résilient.

  • Avantages : si la couverture est bien faite cela peut rapporter de l’argent, la couverture est presque parfaite.
  • Inconvénients: il faut passer beaucoup d’ordres, il faut bien maitriser les grecques des options, c’est très technique, fiscalement assez lourd (on fait beaucoup de plus-values si ça marche) , le long terme c’est fini et enfin si mal fait c’est couteux, si fait correctement le coût est acceptable mais la performance du portefeuille est faible (en fait si la couverture est parfaite le gain du portefeuille est en théorie égale au taux sans risque).

J’avais anticipé dans mon article du mois d’avril que cette crise accentuera encore un peu plus la « légitimité boursière » des valeurs de croissance notamment par l’effet mécanique de la baisse du taux sans risque, qui de facto renchérit les cash-flows de long-terme.

Je reste sur cette position qui semble validée par les performances entre janvier 2020 et octobre 2020 des indices growth vu précédemment du S&P 500 Growth (+16.96%) et du Nasdaq 100 (25.27%).

Je repointe le fait qu’en ce moment l’adage CASH IS KING est indéniable, il est prudent de préserver une poche suffisante de liquidités dans vos portefeuilles financiers.

Je rajouterais même CASHFLOW IS KING, c’est-à-dire, investir (ou spéculer ?) sur la solvabilité et la capacité qu’à une entreprise à générer du cash par son activité où ses autres leviers (désinvestissements, exceptionnels) et donc à verser des dividendes ou faire face à un contexte économique incertain...

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