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Entreprise et divorce : tout savoir

Entreprise et divorce

La gestion d'une entreprise nécessite un investissement considérable en termes de temps, d'énergie, et de ressources financières. Dans ce contexte, un événement perturbateur comme un divorce peut menacer la stabilité et la continuité de l'entreprise. Il est donc crucial de mettre en place des stratégies juridiques et financières robustes pour protéger cet investissement vital. Ce guide détaillé explore les différentes approches pour sécuriser une entreprise lors d'une séparation conjugale, en mettant l'accent sur la nécessité de préserver la structure opérationnelle et la santé financière de l'entreprise.

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Entreprise et divorce : structure juridique optimale

Les entreprises individuelles et les EIRL (Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée) présentent un risque financier personnel accru pour l'entrepreneur. Dans ces configurations, il n'y a pas de séparation claire entre les biens personnels et professionnels, ce qui peut entraîner des complications majeures en cas de divorce. Tous les actifs personnels peuvent être exposés aux créanciers de l'entreprise.

À l'opposé, les sociétés de capitaux comme la SARL (Société à Responsabilité Limitée), la SA (Société Anonyme), ou l'EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) offrent une protection plus importante. Dans ces structures, la responsabilité des associés est généralement limitée à leurs apports, ce qui protège leurs biens personnels des dettes de l'entreprise.

Avantages de l'EIRL

L'EIRL est particulièrement avantageuse car elle permet à l'entrepreneur de faire une déclaration d'insaisissabilité de ses biens personnels. Cela signifie que, même en présence de dettes professionnelles significatives, ses biens personnels ne peuvent pas être saisis par les créanciers de l'entreprise. Cette mesure offre une couche supplémentaire de protection dans le cadre tumultueux d'un divorce.

Importance du régime matrimonial et choix du contrat de mariage

Le régime de la communauté réduite aux acquêts expose potentiellement l'entreprise à des risques, car tous les biens acquis durant le mariage sont considérés comme communs. Cela peut inclure les parts de l'entreprise, rendant leur division compliquée en cas de divorce.

La séparation de biens est souvent préférée par les entrepreneurs car elle permet de maintenir une séparation claire entre les biens personnels et ceux de l'entreprise, protégeant ainsi l'entreprise en cas de divorce.

Le régime de la participation aux acquêts offre un compromis intéressant. Pendant le mariage, les biens restent séparés, mais à la dissolution, les enrichissements acquis durant le mariage sont partagés. Cette option peut être attractive pour les couples où les deux partenaires contribuent significativement à l'accumulation des biens.

Stratégies spécifiques selon le régime

L'utilisation de clauses telles que la déclaration d'insaisissabilité ou les clauses de réemploi peut influencer significativement la gestion des biens de l'entreprise en cas de divorce. Ces clauses permettent de spécifier que certains biens, notamment ceux investis dans l'entreprise, restent la propriété exclusive de l'entrepreneur.

Stratégies de protection financière en cas de divorce de chef d'entreprise

Séparation des finances

Il est essentiel de maintenir des comptes bancaires distincts pour les finances personnelles et celles de l'entreprise. Cette séparation aide à prévenir les complications lors de la liquidation des biens et assure que les finances de l'entreprise restent intactes et clairement définies face aux réclamations du conjoint.

Gestion des dettes et des garanties

Les entrepreneurs doivent être particulièrement prudents avec les garanties personnelles pour les dettes de l'entreprise. En cas de divorce, ces garanties peuvent être scrutées et potentiellement remises en question, affectant la capacité de l'entreprise à maintenir ses lignes de crédit ou à contracter de nouveaux prêts.

Précautions contractuelles

La rédaction d'un pacte d'associés qui détaille les droits et obligations en cas de divorce est cruciale. Ce document peut limiter significativement les impacts négatifs sur l'entreprise, en définissant clairement comment les parts doivent être traitées si un des associés traverse un divorce.

Conséquences du divorce sur les relations professionnelles

Relations avec les banques et autres créanciers

Un divorce peut entraîner des modifications dans la structure financière de l'entreprise, ce qui peut, à son tour, affecter la perception de la stabilité de l'entreprise par les banques et autres institutions financières. Cela pourrait compromettre la capacité de l'entreprise à obtenir des prêts ou à maintenir des conditions de crédit favorables.

Impact sur les partenariats et les clients

La perception de la stabilité de l'entreprise est cruciale pour maintenir la confiance des partenaires commerciaux et des clients. Un divorce mal géré peut semer le doute sur la viabilité de l'entreprise, impactant négativement les relations commerciales et la fidélité des clients.

Que devient l'entreprise en cas de divorce ?

Prestation compensatoire

La prestation compensatoire est une indemnité qui peut être accordée à l'un des époux dans le cadre d'un divorce pour compenser autant que possible la disparité que la rupture du mariage crée dans les conditions de vie respectives. Cette prestation est particulièrement pertinente pour les entrepreneurs, car elle peut avoir un impact direct sur les finances personnelles et, par extension, sur les ressources financières de l'entreprise.

Détermination de la Prestation Compensatoire

La prestation compensatoire est fixée selon les besoins de l'ex-conjoint et les ressources de celui qui doit la verser. Les critères pris en compte incluent la durée du mariage, l'âge et l'état de santé des conjoints, leur qualification et situation professionnelle, les conséquences des choix professionnels faits pendant le mariage pour éduquer les enfants et leur impact sur les carrières actuelles et futures, ainsi que le patrimoine estimé après la liquidation du régime matrimonial. Pour un entrepreneur, cela signifie que la valeur de l'entreprise peut être scrutée comme partie intégrante de ses ressources, impactant potentiellement le montant de la prestation.

Implications pour l'Entrepreneur

Pour les entrepreneurs, la prestation compensatoire peut représenter un défi financier majeur. Si l'entreprise représente une part significative de leur patrimoine, ils pourraient se trouver dans la nécessité de liquider des parts de l'entreprise ou d'autres actifs pour satisfaire l'obligation de la prestation. Cela peut non seulement affecter la liquidité mais également compromettre la capacité opérationnelle de l'entreprise si des actifs essentiels doivent être vendus.

Cas par type de régime matrimonial

Lorsque le dirigeant d'une société divorce, les règles ne sont pas les mêmes selon le régime matrimonial choisi initialement. En effet, la manière dont l'entreprise est traitée lors d'un divorce dépend du régime matrimonial sous lequel les ex-époux étaient mariés.

Le divorce des époux mariés sous le régime de la communauté réduite aux acquêts

Sous ce régime, il faut distinguer trois cas de figure :

  • L’entreprise a été créée avant le mariage. Dans ce cas, elle demeure un bien propre et l'autre conjoint n'a aucun droit sur elle ;
  • L’entreprise a été créée pendant le mariage grâce à des apports personnels. Dans ce cas, et uniquement s'il existe une clause de réemploi dûment établie par un notaire, l'entreprise appartient uniquement au conjoint dirigeant ;
  • L’entreprise a été créée pendant l'union en utilisant des fonds réputés communs. Dans ce cas de figure plus complexe, le conjoint non exploitant est considéré comme propriétaire de la moitié de l'entreprise, tant au niveau du fonds de commerce que des parts, des titres ou des actions de la société.
    En cas de divorce, le conjoint non exploitant peut donc revendiquer sa qualité d'associé pour la moitié des parts sociales. Pour les récupérer, le dirigeant doit les lui racheter.

Le divorce des époux mariés sous le régime de la séparation de biens

Sous ce régime, chaque conjoint est propriétaire de ses biens personnels. Ainsi, si l'entreprise a été créée et financée par un seul conjoint, elle restera sa propriété exclusive en cas de divorce. Cependant, des compensations financières peuvent être accordées à l'autre conjoint si sa contribution a été déterminante pour le développement de l'entreprise.

Le divorce des époux mariés sous le régime de la participation aux acquêts

Dans ce régime, chaque conjoint conserve la propriété de ses biens personnels, mais les acquisitions réalisées pendant le mariage peuvent donner lieu à une créance de participation. L'entreprise sera évaluée et une compensation pourra être versée à l'autre conjoint en fonction de sa contribution aux acquêts.

Cependant, l'entreprise elle-même ne sera pas divisée.

Le divorce des époux mariés sous le régime de la communauté universelle

Sous ce régime, tous les biens, y compris l'entreprise, sont considérés comme des biens communs.
En cas de divorce, l'entreprise sera partagée entre les ex-époux, à moins qu'ils aient prévu des clauses spécifiques dans leur contrat de mariage pour en disposer autrement.

Quels sont les défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs en période de divorce ?

En période de divorce, les défis sont nombreux, tant sur le plan personnel que professionnel.

Concernant l'entreprise, les principaux challenges à relever concernent :

  • La division des actifs : lors d'un divorce, il est essentiel de déterminer la part respective des conjoints dans l'entreprise et de procéder à une évaluation précise de sa valeur marchande ;
  • La continuité de l'entreprise : comment assurer la pérennité de l'entreprise malgré les bouleversements personnels des entrepreneurs ?
    Il est crucial de trouver des solutions pour maintenir l'activité et préserver la valeur de l'entreprise.
    L'impact financier et émotionnel sur le dirigeant ne doit pas avoir de répercussions sur son activité professionnelle ;
  • La répartition des responsabilités professionnelles : lorsque le couple travaille ensemble dans l'entreprise, il peut être nécessaire de redéfinir les rôles et les responsabilités pour maintenir un fonctionnement harmonieux.

Exemple

Le 18 décembre 2019, la Cour de cassation a rendu un arrêt précisant que le divorce d’un couple marié sous le régime matrimonial de participation aux acquêts (article 1569 à 1581 du Code civil) s’accompagne d’une révocation de plein droit de la clause d’exclusion de biens professionnels. Cela signifie que pendant le mariage, le régime matrimonial de participation aux acquêts s’applique comme un régime de séparation de biens : chaque époux gère ses biens et ses revenus. Dans cette affaire, le mari était directeur d’un laboratoire d’analyses médicales et son épouse était pharmacienne. Chacun menait sa vie professionnelle de son côté.

Lorsque le divorce est prévu, un calcul sera effectué afin de définir le montant de la créance de participation qu’il faut verser à l’époux qui a sacrifié sa vie professionnelle pour le bien-être de la famille et qui a soutenu l’autre partie ayant une meilleure situation financière.

Dans cet arrêt, l’épouse avait des actifs professionnels beaucoup plus élevés par rapport à son époux. Ce dernier a donc demandé la révocation de plein droit de la clause d’exclusion des biens professionnels, malgré les termes de leur contrat de mariage. La Cour de cassation a donc considéré la demande de l’époux, cependant, sa démarche s’est retournée contre lui parce qu’après évaluation, le patrimoine professionnel de chacun des époux a été réinséré dans le calcul de la créance de participation.

Quelle stratégie pour mieux gérer un divorce en tant qu'entrepreneur ?

En tant que patron, il est inenvisageable d'agir au jour le jour lorsqu'il est question d'un divorce. Pour que cette opération délicate se passe au mieux, mieux vaut prévoir, communiquer et s'entourer de partenaires fiables.

Planifier en amont un éventuel divorce

Lorsqu’ils se marient, les époux se promettent amour et fidélité jusqu'à la mort. Cependant, dans la réalité des faits, les choses sont souvent bien différentes.

Mieux vaut donc anticiper, surtout lorsque l'on possède sa propre société. Pour protéger les intérêts de l'entreprise, le patron a tout intérêt à mettre en place des mesures de sécurité lors du mariage, et même si aucun divorce n'est envisagé. Pour cela, mieux vaut bien choisir son contrat de mariage et y ajouter si nécessaire des accords prénuptiaux. Des clauses peuvent également être intégrées dans les contrats de la société. Les statuts peuvent également prévoir des clauses de rachat d'actions.

Savoir bien communiquer et négocier

Même dans un divorce, la communication reste la clé. Si celle-ci peut se révéler difficile, mieux œuvrer intelligemment et préserver tant que possible une communication claire, ouverte et transparente avec son ex-conjoint.

L'objectif ?

Trouver des solutions mutuellement acceptables par chaque partie. Le recours à une médiation peut parfois faciliter le dialogue. Dans ce cas, notre cabinet de conseil peut vous accompagner et apparaître comme un intermédiaire neutre et objectif, pour trouver le meilleur compromis possible.

Faire évaluer les actifs de l'entreprise

De même, pour éviter tout conflit d'intérêts, il est préférable d'engager un expert financier pour évaluer les actifs financiers de l'entreprise et déterminer les meilleures options de partage. Le recours à un cabinet de conseil juridique et financier peut permettre d'élaborer un plan de reprise d'activité, pour maintenir la stabilité de l'entreprise lors de cette période délicate. Vous l'aurez compris, pour divorcer dans les meilleures conditions, mieux vaut être appuyé de professionnels. Un notaire, un avocat et un expert-comptable sont souvent considérés comme un trio gagnant dans une telle situation. Ils vous aideront à anticiper les difficultés et à bien prévoir votre régime matrimonial, mais aussi à régler les litiges en cas de divorce.

Bien qu'il soit délicat de parler d’une éventuelle séparation au moment du mariage, chaque entrepreneur doit songer à l’avenir de son activité professionnelle. Que l’entreprise ait été créée avant ou pendant le mariage, il est toujours conseillé de se pencher sur les dispositions qu’il faut prendre afin de sécuriser l’entreprise, l’activité professionnelle et les salariés. À l’inverse, cette démarche aide également à protéger les biens qui appartiennent au couple ou au conjoint si l’entreprise fait face à des difficultés financières. Si vous êtes dirigeant ou entrepreneur, pensez à faire appel à un expert qualifié dès que vous envisagez une séparation ou si vous projetez de créer une activité professionnelle. Vous souhaitez faire le point sur votre situation ? Réservez votre consultation offerte avec moi dès maintenant. Nous remboursons nos honoraires si vous n'avez pas multiplié par trois votre retour sur investissement.

Questions fréquentes en cas de divorce d'un chef d'entreprise

Quelles sont les conséquences du divorce pour un dirigeant d'entreprise ?

Le divorce peut entraîner une division de l'entreprise si celle-ci est considérée comme un bien commun, obligeant le dirigeant à céder une partie de ses parts à son ex-conjoint.

Comment un dirigeant peut-il protéger son entreprise en cas de divorce ?

Il est conseillé d'opter pour un régime matrimonial de séparation de biens ou de mettre en place des clauses spécifiques dans le contrat de mariage pour protéger l'entreprise.

Qu'est-ce que la prestation compensatoire et comment est-elle calculée ?

La prestation compensatoire vise à équilibrer les disparités économiques causées par le divorce. Son montant est fixé en fonction des besoins de l'ex-conjoint et des capacités financières du dirigeant.

En quoi la forme sociale de l'entreprise peut-elle influencer les conséquences d'un divorce ?

Choisir la bonne forme sociale peut prévenir l'intrusion de l'ex-conjoint dans la gestion de l'entreprise post-divorce, surtout si des parts doivent être cédées.

Quel est le meilleur statut pour le conjoint dans l'entreprise pour minimiser les impacts d'un divorce ?

Les statuts de conjoint collaborateur, salarié, ou associé ont des implications différentes en cas de divorce, affectant la distribution des parts et les compensations financières.

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