Qu'est-ce qu'une donation-partage conjonctive ?

Pour préparer efficacement la transmission de son patrimoine, en conformité avec le droit civil, il est essentiel d'anticiper et de planifier avec soin. Notre cabinet de conseil est prêt à vous accompagner dans ce processus crucial de transmission patrimoniale. Parmi les nombreuses options disponibles en matière de donations, la donation-partage conjonctive se distingue comme une solution particulièrement avantageuse et prisée, optimisant la fiscalité de votre transmission.
Historiquement, jusqu'en 2006, cette forme de donation était réservée aux couples souhaitant favoriser uniquement leurs enfants communs. Toutefois, une évolution législative du Code civil permet désormais son application aux familles recomposées, offrant ainsi une flexibilité accrue pour les parents désirant répartir équitablement leur héritage entre tous leurs descendants, qu'ils soient issus de lits différents ou non. Cette réforme a renforcé les droits des héritiers au sein des familles élargies.
Dans cet article, nous explorerons en détail les spécificités et les avantages de la donation-partage conjonctive, en comparaison avec la donation simple. Nous vous fournirons également des exemples concrets pour illustrer comment ces dispositions peuvent être appliquées tant dans des contextes familiaux unis que recomposés. Notre objectif est de vous aider à comprendre pourquoi et comment adopter cette stratégie peut optimiser votre planification successorale et fiscale, tout en assurant une transition harmonieuse et équitable de votre patrimoine à la génération suivante.
Donation-partage conjonctive : définition
Le terme donation-partage conjonctive regroupe deux notions juridiques :
- Il s'agit tout d'abord d'une donation-partage, en opposition à la donation simple ;
- Celle-ci se fait conjointement, c'est-à-dire qu'elle englobe les biens de deux parents dans une masse commune ;
Les différences entre la donation simple et la donation-partage
La donation simple permet de transmettre une partie de son patrimoine de son vivant à la personne de son choix, en choisissant ou non de favoriser un héritier par rapport aux autres. Si tel est le cas, ce dernier devra rendre des comptes aux autres héritiers au moment du décès du donateur, conformément aux dispositions du Code général des impôts (CGI).
Qui plus est, la valeur des biens retenue pour la donation est estimée au moment du décès. À l'inverse, la donation-partage permet de transmettre des biens à ses enfants ou petits-enfants, en fixant la valeur des biens au moment de la donation, ce qui évite toute réévaluation lors du décès. De plus, la masse des biens transmis est bloquée au moment de la donation, assurant une réduction des droits de succession futurs.
Le principe de la donation-partage conjonctive
La donation-partage conjonctive est un acte notarié qui permet aux deux parents de rassembler les biens qu'ils souhaitent transmettre en un lot commun, pour les partager entre leurs enfants. Dans le cadre d'une donation-partage conjonctive, aucune distinction n'est faite entre les biens propres de chacun et les biens communs des donateurs. Depuis 2006, et conformément à l'article 1076-1 du Code civil, cette donation-partage conjonctive est également envisageable dans les familles recomposées. Cette donation s'effectue lorsque les parents sont vivants, permettant une transmission anticipée et fiscalement optimisée du patrimoine familial.
Exemple de donation-partage conjonctive avec des enfants issus du même lit
Monsieur et Madame X, époux et donateurs, ont un fils. Monsieur possède un appartement d'une valeur de 300 000 euros. Madame, quant à elle, a investi dans un studio de 100 000 euros. Ces biens constituent une partie de leur patrimoine commun destiné à la transmission aux héritiers.
Dans le cadre d'une donation-partage conjonctive, ils décident tous les deux de léguer leurs biens propres à leur enfant. Grâce à la donation-partage conjonctive, qu'importe que le lot transmis provienne des trois quarts du père et d'un quart de la mère. Le fils est réputé avoir reçu une donation de ses deux parents à parts égales, assurant ainsi une équité dans les partages et respectant les droits des donataires.
Exemple de donation-partage conjonctive concernant des enfants issus d'unions différentes
Monsieur et Madame Y, époux et donateurs, ont cette fois deux filles en commun. En plus, Monsieur a un fils d'une précédente union. Ces derniers ont un bien commun de 300 000 euros. Madame a, en plus, deux autres biens de 300 000 euros chacun. La masse à partager s'élève donc à 900 000 euros. Chacun des trois enfants aura donc droit à 300 000 euros, répartis conformément au régime matrimonial et aux dispositions fiscales en vigueur.
Avec la donation-partage conjonctive, Monsieur transmet 1/6ème de la masse à partager, contre 5/6ème pour Madame. Toutefois, comme Madame n'est pas la mère du bénéficiaire, elle n'est pas pleinement considérée comme co-donatrice pour le fils. En cas de liquidation du régime matrimonial, la communauté bénéficiera d'une récompense due par Monsieur, garantissant ainsi l'équilibre des droits entre époux et la protection de la communauté.
Dans ce cas, on considère que :
- Les deux filles communes ont reçu 50 000 euros du père et 250 000 euros de la mère ;
- Le fils a obtenu 100 000 euros de son père ;
- En cas de liquidation du régime matrimonial, le père devra donc 200 000 euros de récompense à la communauté, conformément aux dispositions légales relatives au partage des biens.
Les implications fiscales de la donation-partage conjonctive
Sur le plan fiscal, les droits de donation sont calculés pour chaque bénéficiaire, sur la part qu'ils ont reçue de chaque donateur. De plus, lorsqu'un bien commun est transmis à un enfant issu d'un lit précédent, les droits sont dus sur la totalité de la valeur du bien commun. L'abattement fiscal de 100 000 euros, quant à lui, n'est effectué qu'au regard du seul parent donateur. Pour mieux comprendre, reprenons l'exemple de la donation-partage conjonctive de Monsieur et Madame Y…
Nous avons considéré que chaque fille a reçu 50 000 euros de son père et 250 000 euros de sa mère. Chacune d'elles profitera de l'abattement de 100 000 euros sur la part reçue de leur père. Sur cette dernière, elles ne paieront donc aucun droit de donation. En revanche, un autre abattement de 100 000 euros sera déduit de la part reçue de leur mère. Le barème fiscal du CGI ne s'appliquera donc que sur les 150 000 euros restants. Les droits à payer seront de 28 194 euros pour chaque fille, optimisant ainsi la fiscalité de la transmission.
Le fils, en revanche, n'est réputé bénéficiaire que pour son père (même s'il a bien touché 300 000 euros, comme ses demi-sœurs). Nous avons précédemment considéré qu'il a reçu 100 000 euros de son père, bénéficiant ainsi de l'abattement fiscal applicable aux donataires.
Comme il profite, lui aussi, de l'abattement de 100 000 euros, il n'aura aucun droit de donation à payer, assurant une transmission efficace et fiscalement avantageuse.
La donation-partage avec réserve d'usufruit
Notez que la donation-partage peut aussi être faite avec un démembrement de propriété. Autrement dit, les donateurs peuvent garder l'usufruit du bien et n'attribuer que sa nue-propriété. Dans ce cas, la pleine propriété des biens transmis ne revient aux enfants que lorsque les donateurs sont décédés. L'avantage ? La valeur du bien transmis est arrêtée au moment de la donation, facilitant ainsi la gestion fiscale et successorale du patrimoine familial.
Si le bien continue à prendre de la valeur jusqu'au décès du donateur, cela n'engendre pas de frais de succession additionnels. Qui plus est, en ligne directe, un abattement de 100 000 euros par enfant et par donateur est déduit de la valeur du bien. Ce montant est exonéré de fiscalité, optimisant ainsi la transmission intergénérationnelle du patrimoine.
Les types alternatifs de donation-partage
La donation-partage transgénérationnelle
Un autre type de donation-partage est la transgénérationnelle. Ce mécanisme permet de sauter une génération en transmettant directement le patrimoine aux petits-enfants, tout en contournant une double imposition potentielle liée aux successions classiques. Cette approche est particulièrement adaptée aux familles où les enfants ont déjà une situation patrimoniale établie, facilitant ainsi la mutation et la transmission efficace des biens familiaux.
La donation-partage transgénérationnelle encourage ainsi un partage équitable et précoce du patrimoine, surtout si les enfants souhaitent que les biens profitent directement à la génération suivante. Cette stratégie favorise la continuité familiale et optimise les avantages fiscaux liés aux donations et transmissions patrimoniales.
Récompenses et indemnisations dans le cadre de la donation-partage
Lorsque la donation-partage implique un bien commun donné à un enfant issu d'une union précédente, il peut y avoir une récompense à la communauté. Cette indemnisation s'applique généralement lorsque les biens du couple sont utilisés pour effectuer un don à un enfant qui n'est pas commun aux deux parents. Cette approche est juridiquement encadrée pour garantir l'équité au sein du couple et protéger les droits de chacun des époux.
Ce principe juridique veille à ce que l'équilibre financier matrimonial soit maintenu même après des actions de générosité envers les enfants issus de mariages antérieurs. Ainsi, le régime matrimonial protège la communauté et assure une répartition équitable des biens entre les héritiers et les donataires.
Les démarches notariales pour une donation-partage conjonctive
La mise en place d'une donation-partage conjonctive requiert impérativement la rédaction d'un acte notarié. Cette formalité est indispensable pour assurer la validité et la légitimité de la transmission des biens ainsi effectuée. Ce procédé, encadré par le Code civil, permet aussi d'officialiser l'accord de toutes les parties impliquées et de garantir que les conditions légales sont respectées, minimisant ainsi les risques de contestation future.
Les notaires jouent ici un rôle fondamental en conseillant les donateurs sur la façon d'optimiser efficacement cette démarche tout en respectant les dispositions légales relatives à la fiscalité et au droit des successions. Leur expertise assure une transmission conforme et avantageuse du patrimoine familial.
FAQ sur la donation-partage conjonctive
Qu'est-ce qu'une donation-partage conjonctive ?
La donation-partage conjonctive est une méthode de transmission de biens où deux parents peuvent ensemble léguer leurs biens à leurs enfants en une seule fois, en formant une masse commune sans distinction entre les biens propres et communs, garantissant ainsi une répartition équitable entre tous les enfants bénéficiaires.
Quelle est la particularité de cette donation depuis 2006 ?
Depuis 2006, elle est aussi applicable dans les familles recomposées, permettant ainsi aux parents de donner à des enfants issus de lits différents. Cette évolution du droit permet une meilleure prise en compte des structures familiales modernes et assure une transmission harmonieuse du patrimoine.
Quels sont les avantages fiscaux de la donation-partage conjonctive ?
Cette méthode fixe la valeur des biens au moment de la donation, ce qui évite toute réévaluation au moment du décès du donateur, et peut inclure des abattements fiscaux significatifs pour les bénéficiaires. Ainsi, la fiscalité de la transmission est optimisée, réduisant les droits de donation et facilitant une transmission efficace du patrimoine familial.
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